LA CRISE GRECQUE HORS CONTRÔLE, par François Leclerc

Billet invité.

Le résultat du référendum de dimanche polarise l’attention et cela masque la suite de la crise grecque. Un nouveau sondage donne une légère avance au « oui », mais celle-ci se situe dans la marge d’erreur, apportant comme information que les résultats sont tangents. Les scénarios pour les lendemains commencent à circuler mais s’en tiennent à ce qui est finalement anecdotique. Car quel que soit le résultat du référendum, la situation ne sera politiquement et financièrement pas sous contrôle et tous les efforts vont consister à tenter de le masquer.

Politiquement, car la seule alternative au gouvernement Syriza en cas de victoire du « oui » est un gouvernement transitoire de technocrates. Il faudrait sinon que 50 députés de Syriza rejoignent ceux de l’opposition pour former une majorité parlementaire, ce qui n’est pas vraisemblable. Mais comment un tel gouvernement pourra-t-il négocier le 3ème plan de sauvetage qui permettra d’éviter un défaut sur la BCE le 20 juillet, puis en août, et le faire valider par le Parlement ? Et d’éventuelles élections – qui devraient mettre Syriza en minorité, ce qui est loin d’être garanti – ne pourront pas intervenir à temps. En cas de victoire du « non », un improbable accord excluant le FMI devrait être trouvé en une dizaine de jours afin d’éviter le défaut vis vis de la BCE…

Financièrement, si l’on suit les conclusions du document du FMI qui s’efforce de prendre en compte ses erreurs passées. « Si des financements sous condition jusqu’à 2018 sont accordés, la dette restera très élevée durant des décennies et sera très vulnérables aux chocs », prévient-il en référence aux détériorations qui pourraient intervenir en termes de croissance et d’excédents budgétaires par rapport à ceux qu’il prévoit. Pour le FMI, il faudrait au mieux remettre au pot 68 milliards d’euros dans l’immédiat, accorder une période de grâce de 20 ans et étaler le remboursement de la dette sur 40 ans. En cas de choc, une réduction de la dette estimée par le Fonds à 50 milliards d’euros serait inévitable.

Ce qui ressort de l’analyse du Fonds, c’est qu’un changement total est nécessaire en Grèce, dont Syriza pourrait être porteur, et que ses créditeurs devraient radicalement modifier leur approche, car leurs exigences ne sont pas à la hauteur des problèmes qu’ils prétendent régler, faisant au contraire empirer la situation. Ni les discours ni les pressions n’auront de prise sur cette réalité-là. Il ne restera plus qu’à tenter de l’escamoter, mais il faudra néanmoins payer pour éviter le pire, en le faisant payer aux Grecs. Décider de la sortie de l’euro de la Grèce donnera la main au FMI, qui mettra dans la balance le réaménagement de la dette.

Encore bravo !